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Histoire Vécue: Le chemin du Pardon




Histoire Vécue : Le pardon ; quand Dieu parle à travers moi pour me sauver de la violence conjugale.

Année 2009. Amoureuse je suis, d’un homme troublé. Je choisis de l’appeler ici, Denis. Je viens tout juste d’emménager à Trois-Rivières et je regarde ce grand homme dans le parc principal de la ville. Il parle fort, s’exprime comme s’il était seul au monde. Il a des allures d’extraverti et d’étranger. Je ne le connais pas encore mais sa marginalité me séduit. J’aime les hommes qui sortent de la norme. J’aime les incompris, les spéciaux, les étoiles dépareillées.


En fait, j’crois que j’aime l’intensité et la passion. Ceux-là, tantôt artistes déchirés, tantôt j’fais-partie-du-moule-métro-boulot-dodo mais j’hais ma vie, ces hommes égarés, je les aime. Je me rappelle qu’en ces temps, toute jeune de mes 22 ans, j’croyais pouvoir sauver la planète entière. J’voulais aimer les mal-aimés. Oui, je m’amourachais d’eux. Peut-être parce qu’au fond, j’espérais qu’on m’aime un p’tit peu moi aussi, l’aimée toute croche.


Et puis voilà, j’suis tombée amoureuse de ce dealer de drogues paranoïaque. Parce qu’en dépit de cela, j’voyais en lui un homme drôle, intelligent qui m’aimait spécialement. Intensément. Qui m’aimait pour de vrai. Je me rappelle qu’en ces temps, je n’savais pas trop qui j’étais. J’me cherchais dans le regard des hommes, j’me cherchais sous les couettes de lit, enlacée de bras réconfortants, d’espoir d’amour et de trahison. Je n’aimais pas être seule. Qui étais-je donc si personne ne m’aimait? Qui allait donc m’aider si moi-même je n’éprouvais ce sentiment à mon égard?


Je ne pouvais être seule. Et lui, ce Denis, me trouvait belle et m’aimait.

Nous avons passé un été ensemble. Un été de rire, d’amusement, de folies et aussi de paranoïa. Il n’était pas toujours disjoncté heureusement et dans ces délires, au moins il avait quelqu’un pour l’aimer, moi la sauveuse. Ouf. Une chance que j’étais là! s’exprimait le p’tit peu d’estime au fond d’ma poche. Que serait-il sans moi? S’exprimait la partie de moi en quête de reconnaissance et d’amour.


Dans cette courte période, j’ai été témoin de choses dont je ne pouvais être témoin; les guerres de clans des vendeurs de drogues, les règlements de compte au fin fond d’ruelles sales du fond d’la ville, les délires inventés par Denis d’être poursuivi et sans cesse chassé par la police, de sa jalousie maladive envers les hommes à qui je m’adressais, des volées sacrées dans mes murs de gypse au lieu d’ma face, bref… du connu pour moi sauf que…


Il y avait toujours une p’tite lumière dans l’fond d’mon âme qui m’implorait de quitter cette atmosphère, de fuir cette noirceur. Je savais que je méritais autre chose que cet amour possessif, maladif et ces soirées entre brigands et consommation. Après deux mois, j’ai choisi de quitter ce climat d’emprisonnement et j’ai rompu avec Denis. Et commença donc la vraie histoire d’horreur.

Dans le refus d’accepter cette rupture, Denis s’était mis en tête que je devais donc lui rembourser tout ce qu’il avait payé pour moi lors de notre relation; les sorties au cinéma, les restaurants, les ci et les ça. Il avait monté un beau bill fictif de 3000$ environ.


En ces temps, étudiante à l’université en récréologie, travaillant comme serveuse dans un buffet, je n’avais aucunement les moyens de lui rembourser cela. Cette demande était insensée et je refusais catégoriquement d’embarquer dans son jeu de manipulation. Tenant mon bout, je persévérais à lui faire entendre raison sauf que c’était peine perdue.


Il a donc choisi, tant et aussi longtemps que je ne lui donnais pas ce 3000$, de se payer autrement. Il est entré par infraction chez nous, partant avec mon téléviseur, ma console de jeu, en guise de perquisition. Il a alarmé tous ses amis vendeurs de me suivre dans les rues et de surveiller mon appartement pour voir si je n’étais pas avec d’autres hommes. Parfois, il amenait une chaise et sa bière et s’installait toute la journée devant chez moi, sur mon balcon, m’empêchant de sortir pour aller travailler ou aller à l’école.


Je vous entends déjà vous dire : ben voyons, pourquoi n’appelais-tu pas la police? Sachez que j’étais terrorisée. Il m’avait dit que si je le faisais, on allait me faire sortir de la ville dans un coffre de valise de voiture, morte.


J’étais terrorisée. J’avais peur. J’étais emprisonnée chez moi. J’ai perdu mon emploi puisque j’étais dans l’impossibilité de m’y rendre; j’ai échoué des cours à l’université puisque je vivais cloîtrée sous la peur. Parfois la nuit, des gens venaient pour faire éclater mes fenêtres. Je recevais des appels nocturnes de menaces de devoir quitter la ville au plus vite sinon, on s’arrangerait pour me faire disparaître.

J’avais peur. Terriblement peur. Je ne méritais pas cela. Surtout pas pour tout l’amour que je pouvais offrir aux mal-aimés. Qu’avais-je donc fait pour mériter cela? Je ne dormais plus, séquestrée chez moi, par ce Denis qui m’empêchait de sortir, installé paisiblement avec son pack de douze toute la journée devant ma porte. Il ne cessait de me répéter : quand tu me donneras ce que tu me dois, je te laisserai tranquille.


Mais je ne lui devais rien. Et de toute façon, je n’avais rien.


J’étais exaspérée, découragée, épuisée. Je vivais dans un climat constant d’anxiété, de crises de panique par-dessus crise de panique. J’étais isolée. Mes amies, ma famille n’avaient plus de nouvelles de moi. Si je les contactais, Denis s’occuperait de moi. J’avais perdu mon emploi; je n’avais plus de nourriture pour me nourrir. J’avais échoué ma session à l’université moi qui avais toujours de très bons résultats.

Quatre mois s’étaient écoulés depuis la rupture. Quatre mois de terreurs continues.


J’étais complètement perdue. J’avais essayé de mes propres forces de me sortir de cet enfer. J’avais supplié Dieu encore et encore de m’aider. Je m’étais tournée vers lui en vain. Mes prières semblaient inentendues… Jusqu’à ce matin-là.

Ce matin où Il a littéralement agi à travers moi. Ce matin où, noyée par mes larmes d’épuisement, affalée sur le plancher de ma chambre, Dieu m'a entendu… J'ai vécu la plus grande des libérations.

Étouffant sous les sanglots, j’ai hurlé à la source divine de me sortir de cet enfer. J’avais besoin d'elle. J’étais vidée, apeurée, essoufflée… Je me rappelle pleurer toutes les larmes de ma vie, implorant les cieux de venir à ma rescousse. Je craignais pour ma vie et j’étais tannée de vivre dans l’hypervigilance.


Cette même journée, Denis a défoncé ma porte pour encore une fois me menacer de mort si je ne le remboursais pas. C’est à ce moment, lorsqu’il se tenait debout devant moi et moi, toute petite devant lui, que j’ai senti l’amour de Dieu en moi me traverser. J’ai vu ce grand gaillard dans la fin trentaine devenir un petit garçon de 5 ans. Il s’est, à travers mes yeux, transformé en ce petit enfant battu et violenté par sa mère toute sa jeunesse. Dans un éclair de conscience, plus aucune peur ne me traversait; juste l’amour inconditionnel de cet humain blessé devant moi. Alors qu’il m’engueulait, postillonnant les insultes de sa noirceur dans mon visage, je fus prise d’une douceur divine dans mes entrailles.


Je n’ai plus eu peur. Je l’ai regardé droit dans les yeux, sans crier, sans pleurer, rien, hypnotisée par la présence qui m’habitait et je lui ai dit : Chut, assieds-toi. J’ai quelque chose à te dire. Je ne sais pas pourquoi il a coopéré mais il s’est assis sur le divan devant moi et je me suis agenouillée devant lui. J’ai pris son visage entre mes mains, emplie d’une douceur qui m’était inconnue et je l’ai regardé droit dans le cœur, les yeux baignés par un amour inconditionnel. Je l’ai regardé et j’ai laissé ma bouche prononcer l’effluve de mon cœur connecté :

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